En voyant la fête de la musique approcher, on s’est demandé si nos plantes peuvent être sensibles à une mélodie. L’idée paraît insensée mais en faisant nos petites recherches, nous avons appris qu’il n’y a pas que les humains à qui la musique adoucit les mœurs… On a découvert qu’un maraîcher bichonne ses concombres dans le Rhône, un vigneron s’occupe de ses vignes dans le Vouvray, avec cette méthode très naturelle. On a donc voulu en savoir plus. Depuis le siècles dernier, plusieurs scientifiques se sont penchés sur ce lien entre musique et plantes. C’est notamment le physicien Joël Sternheimer qui a travaillé sur l’impact qu’aurait les fréquences musicales sur la synthèse des protéines. Le chercheur a fait ses premières expérimentations sur des haricots nains dans les années 60.

 

La musique soignerait les maladies

Dans le milieu viticole, on fait de plus en plus appel à sa méthode pour soigner les vignes. La maladie de l’Esca empêche la sève de circuler dans les vaisseau et tue les pieds de vignes. Étant venus à bout des traitements chimiques efficaces, certains viticulteurs ont préféré se tourner vers une méthode douce. La société Genodics créée par Sternheimer et entre autres, Michel Duhamel, propose des solutions musicales aux professionnels de l’agriculture.

Vignes en bonne santé

Pendant plusieurs minutes chaque jour, un haut-parleur diffuse une mélodie spécialement conçue pour les plantes. L’idée est que grâce à la musique, on rend la maladie moins agressive. Le but n’est pas de réussir à éradiquer le mal mais de « rendre le méchant moins méchant ». Une sorte de tolérance entre les deux s’installe. La mélodie qu’on appelle protéodie prend donc le relai sur les traitements chimiques. Dans une interview de France 3 Centre Val de Loire, un viticulteur du Vouvray confie que le nombre de plantes malades a chuté de 850 pieds de vignes atteints à 150 en un an.

Le maraîcher Fred Riche fait la même expérience sur ses concombres dans le Rhône. Son problème est que la culture du concombre est gourmande en énergie. Chez lui, la musique prend le relai sur la chaleur produite par le gaz et permet aux concombres de supporter une température plus basse que la normale.

 

Elle développerait la croissance

Les différentes expériences qui sont faites testent au minimum deux groupes: un groupe avec de la musique et un témoin sans. On observe dans la plupart des cas une croissance plus élevée pour le groupe avec la musique. Du coup, si on inverse le processus, on peut faire jouer de la musique aux plantes. Il faudrait placer des capteurs à différents endroits des plantes comme les racines et feuilles. Ainsi en captant les vibrations des plantes, on les retranscrit en musique. Si vous ne demandez qu’à voir, ou plutôt qu’à entendre, regardez la démonstration du pépiniériste Jean Thoby.

 

Mais alors, comment ça marche ?

A ce stade j’imagine que nous avons deux camps: les convaincus et les sceptiques. Voici l’explication de la théorie de Sternheimer. Au fur et à mesure de ses tests sur les haricots, il observe que les groupes de plantes en contact avec la musique se développent davantage que les autres. Le chercheur a donc compris qu’il y avait un effet, mais il ne pensait pas qu’il y aurait des conséquences pratiques. Lorsque la plante fait sa synthèse protéique, les acides aminés qui sont dans les protéines génèrent des ondes, des vibrations. Le chercheur a interprété ces ondes et changé les fréquences inaudibles en gamme audibles selon les règles de l’harmonie musicale. C’est ainsi que nous pouvons entendre ces vibrations sous forme de musique. Et les plantes les perçoivent même transposées dans l’audible. Ce nouveau genre de musique est appelé protéodie. Bien évidemment, les fréquences de la mélodie choisie peuvent développer ou inhiber la croissance. Pas sûr qu’on obtienne le même résultat en jouant du Metallica et Mozart..

 

Une théorie qui cherche encore la reconnaissance

Voilà, vous savez tout. Toutefois, la génodique n’est pas une science reconnue par le milieu. On ne trouve pas de revue scientifique officielle à son sujet.  Pour certains il s’agit d’une invraisemblance totale. L’université de Cergy Pontoise fait actuellement des tests sur les petits pois pour tenter de reconnaître le rôle de la musique sur les plantes. A l’Inra, quelqu’un serait prêt aussi à faire des tests. Chez Véritable, nous avons décidé de suivre de près cette histoire qui fait un peu rêver.

En attendant, dites-nous si cette méthode vous inspire.